Streaming : entre promesse et désillusion
Le streaming a bouleversé la diffusion musicale, démocratisant l’accès à des millions de morceaux à portée de clic. Mais cette transformation est à double tranchant : si elle permet à de nombreux artistes indépendants d’avoir une audience globale, elle les place également en compétition dans un océan saturé de sons.
Les chiffres ne mentent pas
En 2022, Spotify comptait 515 millions d’utilisateurs actifs, dont 240 millions d'abonnés payants (Source : Spotify Financial Results). Une manne colossale à première vue, mais la réalité est plus amère : seuls 10 % des revenus générés par le streaming finissent dans les poches des artistes et labels, selon une enquête du Guardian. Les autres sont aspirés par les majors, les plateformes et les intermédiaires techniques.
Pire, l’attention des auditeurs est constamment mise aux enchères via des algorithmes de recommandation biaisés. Ils favorisent les playlists populaires et les titres déjà bien établis. Pour les labels indépendants, accéder à ces spots convoités reste une bataille coûteuse, si ce n’est impossible sans des budgets promotionnels dont ils ne disposent souvent pas.
L'indépendance fragilisée
Dans cet écosystème, la notion même d’indépendance est souvent mise en danger. Les labels doivent soit se plier à la mouvance dictée par les tendances algorithmiques, soit risquer d’être marginalisés. Pourtant, certains refusent de céder à ce dilemme.
Des labels comme 4AD ou Dead Oceans choisissent le chemin inverse : miser sur des niches fortes plutôt que de courtiser les masses. Leur stratégie ? Créer des écosystèmes dédiés où l’identité musicale prime sur la performance commerciale brute.